À propos

Production et réalisation de reportages, enquêtes, entretiens, portraits et documentaires au long cours, dans la tradition du journalisme engagé (concerned).
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Fondateur et administrateur : Antoine Peillon / Ishta

Journalisme engagé

“J’ai pensé qu’il était louable de prêter une voix, si faible fût-elle, à ceux qui n’avaient plus le droit de parler. Suis-je arrivé à les faire entendre ? Pas toujours.”

Albert Londres, Le Chemin de Buenos Aires, 1927 (Le serpent à plumes, 2005)

“Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.”

Albert Londres, Terre d’ébène (Avant-propos), Albin Michel, 1929 (Motifs, 2011)

Albert Londres en 1923.

“Le véritable journalisme est toujours motivé, c’est-à-dire qu’il se fixe des objectifs et vise à instaurer une forme de changement. Le bon journalisme ne peut qu’être ainsi. Si vous lisez les textes des meilleurs journalistes, les œuvres de Mark Twain, Ernest Hemingway, Gabriel Garcia Marquez, vous constaterez vous-mêmes qu’ils ont pratiqué un journalisme engagé. Chacun d’eux se bat pour une cause. Il raconte pour atteindre un but, pour obtenir un résultat.”

Ryszard Kapuściński, Autoportrait d’un reporter, Plon, 2008 (textes choisis par Krystyna Strączek ; traduit du polonais par Véronique Patte), et Flammarion, 2010 (présentation, choix de textes, notes et dossier par Patrice Kleef, traduction [du polonais] de Véronique Patte).

Pour Pascual Serrano, qui dans son maître-ouvrage* évoque le journalisme engagé tel que le pratiquaient des auteurs comme Rodolfo Walsh, Robert Capa, Edgar Snow ou Ryszard Kapuściński, un des talents de John Reed* était de donner la parole aux protagonistes des histoires, qu’il s’agisse des grandes grèves du textile à Paterson, aux États-Unis, de la rébellion des contrées poussiéreuses du nord du Mexique, des tranchées de la Grande Guerre en Europe ou du Palais d’hiver à Petrograd, où les bolcheviques ont établi leur quartier général. L’objectif était de faire tomber les stéréotypes à partir de l’information et de la vérité. Ce que John Reed énonce clairement dans la préface de son livre sur la révolution russe (Dix jours…) : “Dans la lutte, mes sympathies n’étaient pas neutres. Mais, lorsqu’il s’est agi de relater l’histoire de ces grandes journées, je me suis efforcé de contempler le spectacle avec les yeux d’un reporter consciencieux, attaché à dire la vérité.”

* Contra la neutralidad. Tras los pasos de John Reed, Ryszard Kapuściński, Rodolfo Walsh, Edgar Snow y Robert Capa, Barcelone, Ediciones Península, 2011. On pourrait ajouter ici les noms de Zola, Bernard Lazare, Jack London, Albert Londres, George Orwell, Albert Camus, Ernest Hemingway, Joseph Kessel, Maurice Clavel, Jean Lacouture, Yves Courrière, Pierre Péan, Raymond Depardon, Jean-Claude Guillebaud, Sorj Calandon, Jean Hatzfeld, Edwy Plenel, Florence Aubenas, François Ruffin…
** Auteur du Mexique insurgé (1914), un recueil de reportages sur la révolution mexicaine, et des Dix jours qui ébranlèrent le monde (1919), la plus célèbre chronique de la révolution russe de 1917.

Un journaliste libre…

“Un des bons préceptes d’une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d’un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n’est plus aujourd’hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. (…) Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu’il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir. (…)

Bien des obstacles sont mis à la liberté d’expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l’effet contraire à celui qu’on se propose. Mais il faut convenir qu’il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l’inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L’obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l’objectivité et de la tolérance.”

Albert Camus, “Manifeste” du Soir républicain (Alger), novembre 1939 (censuré)

Concerned

Cornell Capa (1918–2008) chose the phrase « concerned photographer » to describe those photographers who demonstrated in their work a humanitarian impulse to use pictures to educate and change the world, not just to record it. During a long career as a photographer, Capa worked for « Life magazine » from 1946 to 1967, and for the Magnum Photos agency beginning in 1954, covering social and political issues in the United States, as well as England, the Soviet Union, Israel, and Central and South America… « Concerned photography » is the recording of what the world looks like, with a social and/or environmental focus. It is a form of documentary photography, with the aim to draw the public’s attention to ongoing social issues. It may also refer to a socially critical genre of photography.

© Ishta

Cornell Capa (né Kornel Friedmann, frère cadet de Robert Capa) a choisi l’expression « photographe concerné » (ou « photographe engagé ») pour décrire celles et ceux qui montraient dans leur travail un motif humanitaire à utiliser des images pour instruire et changer le monde, pas seulement pour l’observer. Au cours d’une longue carrière de reporter, C. Capa a travaillé pour Life magazine, de 1946 à 1967, et pour l’agence Magnum Photos, à partir de 1954, couvrant principalement des sujets sociaux et politiques aux États-Unis, ainsi qu’en Angleterre, Union soviétique, Israël, en Amérique centrale et du Sud… La « photographie engagée » fait le constat de ce à quoi le monde ressemble, avec un accent social ou environnemental. Il s’agit d’une forme de photographie documentaire et critique, dont le but est d’attirer l’attention du public sur les problèmes sociaux.

Vérité

“La liberté est la liberté de dire que deux et deux font quatre. (…) Au sommet de la pyramide se trouve Big Brother. Il est infaillible et tout-puissant. Tout succès, réalisations, victoires, découvertes scientifiques, connaissances, ainsi que la sagesse, le bonheur et la vertu sont censés découler directement de son autorité et de son inspiration.”

Georges Orwell, Mille neuf cent quatre-vingt-quatre (Nineteen Eighty-Four), Secker & Warburg, London, 1949 (trad. Celia Izoard, éd. Agone, 2021, partie I, chap. 7, p. 132, et partie II, chap. 9, p. 323)

1984, édition originale.

“Le résultat d’une substitution cohérente et totale de mensonges à la vérité de fait n’est pas que les mensonges seront maintenant acceptés comme vérité, ni que la vérité sera diffamée comme mensonge, mais que le sens par lequel nous nous orientons dans le monde réel – et la catégorie de la vérité relativement à la fausseté compte parmi les moyens mentaux de cette fin – se trouve détruit.”

Hannah Arendt, « Vérité et politique », dans La Crise de la culture (1961)

“La parrêsia (dire-vrai, courage de la vérité…) a pour fonction justement de pouvoir limiter le pouvoir des maîtres. Quand il y a de la parrêsia, et que le maître est là – le maître qui est fou et qui veut imposer sa folie -, que fait le parrèsiaste, que fait celui qui pratique la parrêsia ? Eh bien justement, il se lève, il se dresse, il prend la parole, il dit la vérité. Et contre la sottise, contre la folie, contre l’aveuglement du maître, il va dire le vrai, et par conséquent limiter par là la folie du maître. A partir du moment où il n’y a pas de parrêsia, alors les hommes, les citoyens, tout le monde est voué à cette folie du maître.”

Michel Foucault (1984)

Toutes les œuvres publiées par LONGS FORMATS respectent l’exigence d’authenticité portée par la Content Authenticity Initiative (lutte contre les fausses nouvelles et le trucage des images).

Un nouvel âge de l’enquête

“L’« âge de l’enquête » : c’est la formule d’Émile Zola qui décrit là un XIXe siècle emporté par une fièvre d’investigations et de déchiffrements. Une formule d’actualité au XXIe siècle, au moment où s’ouvre un nouvel âge de l’enquête : les écrivains contemporains investissent à nouveaux frais le terrain social, à la croisée du reportage, des sciences sociales et du roman noir.
C’est cette passion renouvelée du réel que je voudrais saisir ici, à travers les gestes de l’enquête. S’étonner, explorer, collecter, restituer, poursuivre, suspendre : cette liste ouverte d’opérations concrètes, de pratiques et d’expérimentations dessine le cheminement même de l’enquête. Elle dessine également les moments d’une dynamique, inlassable et inachevable, qu’empruntent aujourd’hui les écrivains pour élucider, nommer et raconter l’épaisseur du monde, en donnant voix aux vies silencieuses.”

Laurent Demanze, Un nouvel âge de l’enquête, Corti, 2019

Observateur critique

« Je me suis autodésigné comme observateur critique de la société dans laquelle je suis né, avec une tendance à faire honneur et donner une reconnaissance à ce qui est souvent ignoré ou invisible. »
David Goldblatt

Documentaire critique

« Ainsi, nous entendons ne pas laisser dans l’ombre qui et quoi que ce soit, et cela fonde à notre sens un projet documentaire. Nous ne saurions refuser le monde, ses évidences, au profit d’un monde uniquement tourné vers le profit, l’exclusion, l’exploitation, le nationalisme étroit. Nous préférons considérer, au contraire, les subalternes, ceux qui sont les grands acteurs de l’Histoire bien qu’ils aient disparu des sphères organisées de la visibilité. (…) La photographie documentaire entend s’exercer comme une des modalités de pensée critique du monde, pour le pire et le meilleur, mais surtout dans un large mouvement prospectif pour l’avenir. »
Philippe Bazin

Un art documentaire / représentations factuelles

“À rebours de cette poétique classique du vraisemblable qui, issue d’une certaine lecture d’Aristote, semble gouverner aussi bien la littérature romanesque des XIXe et XXe siècles que le cinéma fictionnel traditionnel, les pratiques documentaires contemporaines paraissent promouvoir une poétique de la factualité et de l’existant singulier, une poétique cognitivement pauvre, qui s’efforce de ne pas réduire la singularité de l’existant à un modèle ou un type générique, et éthiquement inquiète, doutant de jamais pouvoir être à la hauteur de ces existences réelles et singulières, singulières parce que réelles.”
Aline Caillet et Frédéric Pouillaude (Introduction à Un art documentaire…, PUR, 2017)

La puissance du papier

“Les militaires ou les dirigeants politiques se moquent souvent du papier : un “tigre de papier” est, sans doute, bien plus fragile et inefficace pour prendre le pouvoir qu’un bataillon correctement armé. Devant notre feuille de papier, il ne nous reste donc souvent qu’à pleurer notre impouvoir. Mais il arrive qu’une modeste liasse de feuillets survive aux bataillons, aux militaires et aux dirigeants eux-mêmes, par delà tout partage entre vainqueurs et vaincus. Telle est la puissance du papier : l’inscription à l’encre ou au crayon et la surface de cellulose sont capables de persister plus longtemps que nous autres humains. La feuille de papier, si fragile soit-elle, si exposée soit-elle à l’autodafé, n’est-elle pas susceptible de survivre à son auteur, à son censeur comme à son lecteur ?”
Georges Didi-Huberman, Éparses. Voyage dans les papiers du ghetto de Varsovie, Minuit, 2020

Toucher au réel malgré tout

“On tente donc de mesurer la part d’imaginable que l’expérience des camps suscite malgré tout, afin de mieux comprendre la valeur, aussi nécessaire que lacunaire, des images dans l’histoire. Il s’agit de comprendre ce que malgré tout veut dire en un tel contexte. Cette position ayant fait l’objet d’une polémique, on répond, dans une seconde partie, aux objections afin de prolonger et d’approfondir l’argument lui-même. On précise le double régime de l’image selon la valeur d’usage où on a choisi de la placer. On réfute que l’image soit toute. On observe comment elle peut toucher au réel malgré tout, et déchirer ainsi les écrans du fétichisme. (…) On distingue la ressemblance du semblant (comme fausseté) et de l’assimilation (comme identité). On interroge la notion de “rédemption par l’image” chez Walter Benjamin et Siegfried Kracauer. On redécouvre avec Hannah Arendt la place de l’imagination dans la question éthique. Et l’on réinterprète notre malaise dans la culture sous l’angle de l’image à l’époque de l’imagination déchirée.”
Georges Didi-Huberman, Images malgré tout, Minuit, 2003

La photographie sociale

“La photographie sociale est une photographie d’investigation et de communication sur les problèmes sociaux ; c’est une photographie militante dont l’objet est de témoigner en faveur des victimes et de contribuer à la transformation des problèmes par le document brut et l’action sur l’évolution des mentalités. Des bas-fonds new-yorkais de Jacob Riis, aux “nouveaux pauvres” de Jean-Louis Courtinat, la photographie sociale ne cesse d’écrire l’implacable réquisitoire des impasses de la condition humaine en contribuant – parfois – à améliorer le sort des êtres et des groupes dont elle révèle l’éprouvante existence.”
Michel Christolhomme (président de l’association Pour que l’esprit vive / site [SO]PHOTla photographie sociale et environnementale, et galerie Fait & Cause)

Michel Christolhomme, La Photographie sociale, Actes Sud, coll. Photo Poche, 2010

Nouvelle photographie documentaire

Interview de Charlotte Flossaut par Jean-Pascal Billaud

En quoi, pour vous, en tant que fondatrice de Photo Doc, peut-on parler de nouvelle photo documentaire ?
La nouvelle photo documentaire est l’expression contemporaine de la transformation, en conscience et impérative, de notre monde, du politique au climatique. Auparavant appréhension circonspecte de l’autre, elle est maintenant dans la reconnaissance de son pouvoir. Il n’est plus temps qu’elle se constitue en simple observatrice humaniste ou en appel à une compréhension passive et distanciée. On est maintenant dans l’urgence et chacun doit prendre part à une cause commune, auteurs, exposants ou acheteurs. Selon Valentin Bardawil, associé de la première heure, “nous cherchons à mettre davantage de conscience dans tous nos actes, y compris photographiques, pour rendre le monde plus respirable”.

Y a t-il de nouveaux comportements chez les photographes documentaires ?
Tout d’abord une grande humilité. Chacun y va porteur d’un questionnement mais sans idée préconçue. Ils sont perméables et disponibles face à l’inattendu au cours de leurs explorations, mais surtout ils se retrouvent au cœur de l’histoire, et finissent par partager et parfois même appartenir au sujet en question.
Édouard Beau, photographe très concerné par les raisons des flux migratoires, s’immerge sur de longues périodes notamment au Kurdistan Irakien, dont il parle couramment la langue, avec le dessein de participer, au plus près des échanges, à la sauvegarde d’une langue et d’une culture menacées

Une façon de vivre

“L’appareil photographique est pour moi un carnet de croquis, l’instrument de l’intuition et de la spontanéité, le maître de l’instant qui, en termes visuels, questionne et décide à la fois. Pour « signifier » le monde, il faut se sentir impliqué dans ce que l’on découpe à travers le viseur. Cette attitude exige de la concentration, de la sensibilité, un sens de la géométrie. C’est par une économie de moyens et surtout un oubli de soi-même que l’on arrive à la simplicité d’expression.
Photographier : c’est retenir son souffle quand toutes nos facultés convergent pour capter la réalité fuyante ; c’est alors que la saisie d’une image est une grande joie physique et intellectuelle.
Photographier : c’est dans un même instant et en une fraction de seconde reconnaître un fait et l’organisation rigoureuse de formes perçues visuellement qui expriment et signifient ce fait. C’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. C’est une façon de vivre.”
Henri Cartier-Bresson

La bonne distance et la dimension cachée

« Edward Hall était un peu mon père spirituel à Santa Fe. Il aimait mes photos, il avait écrit sur certaines d’entre elles dans la revue El Palacio du musée du Nouveau-Mexique, notamment celle de la fille au camion qui a inspiré le cinéaste Robert Altman pour son film Fool of Love. Edward Hall m’invitait souvent à dîner. Il était très cultivé, très marqué par l’Europe aussi. C’est l’inventeur de la proxémie, la distance juste aux choses – voilà ! On est exactement dans le même discours que la caméra à l’épaule de Raoul Coutard dans les films de Truffaut et Godard. La distance juste, le non-effet et la proxémie, cette théorie de la bonne distance entre les gens. Donc évidemment, avec la photo au 50 [objectif à focale de 50 mm] je ne peux être que l’enfant d’Edward Hall. »
Bernard Plossu (entretien avec Christophe Berthoud), L’Abstraction invisible, Textuel, 2013, p. 101 (en référence : Edward Hall, La Dimension cachée).

“Le journalisme, c’est à la fois le contact et la distance. Les deux sont nécessaires. Tantôt il y a trop de contact, et pas assez de distance. Tantôt c’est l’inverse. Un équilibre difficile.”
Hubert Beuve-Méry

Les signes

“Ce qui m’intéresse, ce sont les signes que trace l’homme sans le savoir, mais sans faire mourir la terre. Ce n’est qu’alors qu’ils ont un sens pour moi, ils deviennent émotion. Finalement, photographier, c’est comme écrire : le paysage est plein de signes, de symboles, de blessures, de choses cachées. C’est un langage inconnu que l’on commence à lire, à connaître au moment où on commence à l’aimer, à le photographier.”
Mario Giacomelli 

L’humanité de l’instant

« S’il est une chose que doit posséder une photographie, c’est l’humanité de l’instant. Cette forme de photographie est appelée réalisme. Mais le réalisme seul ne suffit pas. Il doit être visionnaire. C’est à ce prix qu’une photographie pourra être réussie. La ligne est ténue où s’arrête le sujet et commence l’esprit. »
Robert Frank

La photographie humaniste

La photographie humaniste est un mouvement photographique français qui réunit des photographes ayant en commun un intérêt pour l’être humain dans sa vie quotidienne. Ce courant est apparu en 1930 dans les quartiers populaires de Paris et sa banlieue, et a connu un grand essor entre 1945 et 1960.

La photographie humaniste est liée aux difficultés économiques de l’immédiate après-guerre, notamment en France où les caisses de l’État sont vides et où la reconstruction n’est possible qu’avec l’aide des États-Unis et de leur plan Marshall. Durant cette période, la photographie humaniste témoigne à la fois des bonheurs simples de la vie mais aussi des difficultés et des injustices.
(Wikipédia)

Liberté de la presse et protection des sources

Principe fondamental des systèmes démocratiques, la liberté de presse est inscrite dans :

Avec la loi du 29 juillet 1881, la liberté de la presse en France fait l’objet d’une consécration particulière, au-delà de la reconnaissance générale de la liberté d’expression.

“La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi.”
(Article XI de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen / 1789)

“L’imprimerie et la librairie sont libres. Le secret des sources des journalistes est protégé dans l’exercice de leur mission d’information du public. Tout journaliste, au sens du 1° du I de l’article 2, a le droit de refuser toute pression, de refuser de divulguer ses sources et de refuser de signer un article, une émission, une partie d’émission ou une contribution dont la forme ou le contenu auraient été modifiés à son insu ou contre sa volonté. Il ne peut être contraint à accepter un acte contraire à sa conviction professionnelle formée dans le respect de la charte déontologique de son entreprise ou de sa société éditrice…”
(Articles 1, 2 et 2bis de la Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (dernière mise à jour : 27 décembre 2020)

En droit français, la protection des sources d’information des journalistes a fait l’objet d’une jurisprudence des plus protectrices de la Cour européenne des droits de l’homme, qui le définit comme une “condition essentielle au libre exercice du journalisme et au respect du droit du public d’être informé des questions d’intérêt général”.

“L’Assemblée parlementaire rappelle que le libre exercice du journalisme est inscrit dans le droit à la liberté d’expression et d’information, garanti par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (“la Convention”, STE no 5). Ce droit constitue un fondement de la société démocratique et une condition indispensable à son progrès et à l’épanouissement de tout être humain. Des médias libres, indépendants et pluralistes sont une composante essentielle de toute société véritablement démocratique. La démocratie et la bonne gouvernance exigent responsabilisation et transparence. A cet égard, les médias jouent un rôle crucial en matière de contrôle public sur les secteurs public et privé dans la société. (…) Le droit des journalistes de ne pas révéler leurs sources couvre également leurs sources au sein de la police ou des autorités judiciaires. Lorsque des informations ont été transmises illégalement aux journalistes, la police et la justice doivent mener des enquêtes internes au lieu de demander aux journalistes de divulguer leurs sources.”
(Recommandation 1950 du Parlement européen / 2011 / version finale, articles 1 et 8)

“Le droit de chacun.e à avoir accès aux informations et aux idées, rappelé dans l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits Humains, fonde la mission du journaliste. La responsabilité du/de la journaliste vis-à-vis du public prime sur toute autre responsabilité, notamment à l’égard de ses employeurs et des pouvoirs publics.”
(Charte mondiale d’étique des journalistes / Préambule / Tunis, le 12 juin 2019 / Fédération internationale des journalistes – FIJ)

“Les devoirs essentiels du journaliste, dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements, sont : respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître ; défendre la liberté de l’information, du commentaire et de la critique ; publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ; ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents ; ne pas user de méthodes déloyales pour obtenir des informations, des photographies et des documents ; s’obliger à respecter la vie privée des personnes ; rectifier toute information publiée qui se révèle inexacte ; garder le secret professionnel et ne pas divulguer la source des informations obtenues confidentiellement. (…) Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés.”
(Déclaration des devoirs et des droits des journalistes / Munich, 1971 / adoptée par la Fédération européenne des journalistes et signée par tous les syndicats de journalistes français, ainsi que par ceux d’Allemagne, de Belgique, d’Italie, du Luxembourg et des Pays-Bas)

Longs formats et fondamentaux du journalisme

“À rebours des injonctions médiatiques de rapidité et de concision dans un contexte d’infobésité, force est de constater que le long format se porte bien dans la presse papier comme dans les médias en ligne. Articles en format long présents sur les sites Internet de grands quotidiens ou de médias plus récents tels que Les Jours – réinventant parfois le feuilleton ou organisés en série – mais aussi dans la presse imprimée (suppléments hebdomadaires notamment), journalisme narratif, ou encore mooks constituent certaines des déclinaisons d’un genre qui, s’il se définit par défaut par son format, tend surtout à jouer la carte de la prise de distance, de la réflexivité, pour construire une relation différente avec les lecteurs tout en revenant aux fondamentaux du métier. Si le journalisme en ligne n’a pas de périodicité “naturelle”, les longs formats entendent prendre le temps d’exposer, de faire comprendre, de documenter. En faisant le choix de se détourner de la course à l’actualité, ils installent leurs lecteurs dans un journalisme alternatif qui souhaite repenser la relation au temps et à l’information.”
(Journée d’étude “Les longs formats dans la presse” / 22 novembre 2019, CELSA)

“Prendre le temps de l’enquête” et slow media

“Parler de plain-pied au lecteur engage davantage le journaliste que lorsqu’il s’adresse d’en haut à une cible de «leaders d’opinion», dans un environnement «marketé», entre deux pages de pub. Un lecteur n’est pas une abstraction réductible à ce qu’il achète, à son niveau d’études ou à son statut professionnel. C’est un homme ou une femme, jeune ou vieux, léger et grave selon les heures, avec des goûts, des histoires, des connaissances à chaque fois différentes et singulières. Tisser des liens réciproques prend du temps, mais retrouver cette confiance jour après jour est l’un des plus grands bonheurs de ce métier. (…) Prendre le temps de l’enquête – aller voir, laisser infuser et revenir– et apprendre à travailler à contretemps de l’émotion immédiate : tout doit être fait pour apporter aux lecteurs une information différente, intense, concentrée sur ce qui dure, que l’article fasse dix lignes ou dix pages. L’information y gagnera en profondeur et en pertinence. (…) Par le détail, l’évocation des odeurs et des couleurs, la restitution des émotions, les faits laissés dans l’ombre, le journalisme doit donner vie et chair à ce qui n’existe pas dans l’essoreuse médiatique. Tout ce qui n’entre pas dans le calcul de l’unité de bruit médiatique devient le terrain privilégié de la presse de demain. (…) Plusieurs milliards de clichés ou de dessins sont disponibles en ligne, mais mille images en vrac ne font pas sens. La presse a tout à gagner à renouer avec le photoreportage et à jouer avec l’illustration, d’autant que les nouvelles technologies permettent aujourd’hui de travailler directement avec des auteurs du monde entier, installés en Iran, en Colombie, en Australie ou dans un hameau du Puy-de-Dôme. Il faut profiter de l’aubaine, réinventer les portfolios et les associations texte/images qui parlent aux lecteurs d’aujourd’hui. (…) Le philosophe Jacques Ellul avait raison : ce qui nous menace ce n’est pas l’excès d’information, mais l’excès d’insignifiance. Le journalisme qui distrait et étourdit, agrège tout et le contraire de tout, est entraîné dans un engrenage paroxystique. À l’inverse, le journalisme qui enrichit, donne à réfléchir, relie le lecteur aux autres et au monde est utile.”
Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry, “Manifeste XXI”, XXI, n° 21, janvier-février-mars 2013.

“Le Slow media (ou médias doux) est une locution anglaise désignant la revendication du droit à la lenteur pour la presse écrite et audiovisuelle, ainsi que d’un idéal de travail au plus près des valeurs du métier de journaliste, plus artisanal qu’industriel. Entre concept et mouvement, le Slow media affirme que la presse n’est pas une production comme une autre, que la qualité et l’intérêt du journalisme peut passer par le fait de prendre le temps, dans le choix et le traitement des sujets, et nécessite un processus de création/production qui replace au centre du travail du journaliste le projet de la presse.”
(Wikipédia)

Le courant slow press et le “journalisme d’impact, au long cours, à la fois vivant et critique, apaisé et constructif” sont aussi défendus, entre autres, par l’équipe du bimestriel Imagine qui, selon son projet et sa charte fondatrice, “entend jouer un rôle de sentinelle des catastrophes en cours, sans céder aux sirènes du catastrophisme, de la peur et du désespoir”.

“LONGS FORMATS” est une marque déposée auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI, n° national : 20 4 711 782) pour les catégories et activités suivantes :

38Agences de presse
Agences d’informations (nouvelles)
Émissions radiophoniques
Émissions télévisées
41Éducation
Formation
Publication de livres
Production de films cinématographiques
Services de photographie
Organisation et conduite de colloques
Organisation d’expositions à buts culturels ou éducatifs
Publication électronique de livres et de périodiques en ligne
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