RECTIFICATION –  “Le premier loup” (suite) : quand Ferus s’enlise dans la désinformation

D’octobre à décembre 2022, la responsable éditoriale de La Gazette des grands prédateurs éditée par Ferus ainsi que le président de cette association se sont livrés à une manœuvre dilatoire pour éviter de reconnaître qu’ils avaient publié un texte fantaisiste et trompeur sur la révélation du retour du loup en France. Malgré les nombreux messages probants et de bonne volonté qui leur ont été adressés, tous deux ont préféré ne pas rectifier sciemment une grave désinformation. Chronologie factuelle d’un avilissement déontologique.

Loup du parc Alpha (Saint-Martin-Vésubie, 06). Photo : Ishta

Le 12 juillet 2022 (mail de 18h06), je transmettais à Sandrine Andrieux (chargée de communication FERUS, responsable éditoriale La Gazette des grands prédateurs), à sa demande, le dossier complet (75 pages !) de ma révélation du retour du loup en 1992 dans Terre sauvage et des suites (articles publiés dans La Croix, entre autres) de cette révélation. (textes et photos publiés en ligne : https://longsformats.com/2012/11/04/bienvenue-au-loup-il-revient-en-france/ + https://longsformats.com/2020/11/30/le-retour-du-loup-1992/ …) PJ 01

Le 13 juillet (mail de 12h52), Sandrine Andrieux me commandait un article de « 14000 caractères » (sic) sur la révélation du retour du loup en France (dans le Mercantour), à lui remettre (gracieusement, bien entendu) le 10 septembre suivant, dans le cadre d’un numéro de La Gazette des grands prédateurs consacré au 30e anniversaire de ce retour (novembre 1992).

Le 9 septembre (mail de 7h36), le texte était livré à Sandrine Andrieux (PJ 02) qui répondait aussitôt : « Bonjour Antoine et merci c’est parfait. Sans parler de l’hommage à ces 2 grands hommes, notamment notre Gigi bien regretté… Encore merci. Amicalement,… »

Le 13 septembre (mail de 17h15), Sandrine Andrieux ayant manifestement tenté en vain de télécharger des photos publiées sur mon site Internet professionnel (www.longsformats.com), m’écrit : « salut Antoine / encore merci pour ton texte, le comité de relecture de la gazette a adoré / je veux bien quelques photos mais je vois qu’il faut un  mot de passe. comment on fonctionne ? je te demande quelles images exactement je souhaite ? /Amicalement,… »

Le 3 octobre, je publiais, sur mon site Internet professionnel (www.longsformats.com), l’article destiné aussi à la Gazette des grands prédateurs : https://longsformats.com/2022/10/03/le-premier-loup/ Cette première publication fut aussitôt diffusée, entre autres, via mon profil Facebook (4 novembre), ce qui n’a pas échappé à mon ex-collègue de Terre sauvage et ami Y. P., qui est en relation avec ce profil à travers le sien.

Le 20 octobre, venant de recevoir et de lire La Gazette des grands prédateurs, j’essayais en vain de joindre Sandrine Andrieux par téléphone et lui écrivais donc ceci (mail de 15h44) :

« Bonjour Sandrine,
J’irai droit au motif de mon message (après celui laissé tout à l’heure sur ta messagerie vocale). Comment est-il possible que La Gazette des grands prédateurs publie, en pages 26 et 27 de son n° 85, un article de Y. P. qui n’est qu’une sidérante affabulation procédant par plagiat de tout mon travail pour Terre sauvage en 1992 et 1993 !
Les faits :
* J’ai emmené Y. P., en mai 1992, en Mercantour (voir les docs joints intitulés “MERCANT…” dont j’ai gardé les originaux), dans le cadre de notre production commune de “sentiers sauvages” (je réalisais les repérages, prises de contacts, choix des itinéraires, organisation des reportages… ; Y. P. ne rédigeait qu’un seul des quatre ou cinq sentiers sauvages publiés chaque mois…) : les descriptions qu’il fait du terrain en page 27 de La Gazette sont issues de ces reportages-là, lesquels sont d’ailleurs ceux que j’ai moi-même réalisés, rédigés et publiés. Il s’agit donc ici d’un plagiat. Toute la rédaction de Terre sauvage, ainsi que Geneviève Carbone, peut bien sûr en témoigner.
* Y. P. n’avait alors aucune relation personnelle ni professionnelle avec Pierre Pfeffer et Roger Settimo. Ce qu’il raconte de façon délirante dans La Gazette est une offense indécente à la mémoire de Pierre Pfeffer qui n’aurait JAMAIS procédé à une telle “virée” avec un écrivain-botaniste particulièrement maladroit, à cette époque, déjà, en milieu naturel.
* Y. P. n’a jamais mis les pieds en Mercantour en novembre 1992, ni même en 1993… A-t-il publié un reportage, à l’époque ; a-t-il même conservé des notes sur son enquête (!) de novembre 1992 ?
* Les incohérences flagrantes de son textes auraient pu t’alerter sur l’aspect totalement fictif de son récit : le refuge de la Cougourde ouvert en novembre ; des “phanères” ou “excréments” sont observés, mais non-récoltés visiblement, alors qu’il est indiqué plus haut : “Nous voudrions rapporter des poils et (quelle chance ce serait !) des crottes, que nous ferions analyser dans les labos du Muséum d’Histoire naturelle de Paris.” Quelle dommage d’avoir oublié de récolter de si précieux indices pourtant recherchés en tant que tels ! (…) Nouvelle offense indécente à la mémoire de Pierre Pfeffer qui était un authentique scientifique !
* Sur le fond, je sais déjà combien la “révélation” du retour du loup en France par moi, avec Geneviève Carbone et avec l’appui de toute l’équipe permanente de Terre sauvage aussi (dont Y. P. ne faisait en rien partie), sans parler de la bienveillance de Gilbert Simon et de la direction et des agents du PN du Mercantour, a généré comme tentatives de récupération (Y. P. n’est pas le seul), à grands renforts de mensonges, de fictions et autres divagations. Mais, je ne pensais pas que cela puisse trouver… refuge dans La Gazette des grands prédateurs et chez FERUS dont je soutiens totalement la vocation et les démarches.
Mon commentaire : A lire un tel fatras de plagiat et d’affabulation, et, entre autres, l’épisode du coup de téléphone initial de Pierre Pfeffer, je me suis demandé si Y. P. n’avait pas lu mon propre texte avant d’écrire, à la va-vite, le sien…
De toute façon, ces deux pages sont une insulte cynique à l’information (réalité des faits), donc aux lectrices et lecteurs de La Gazette et, c’est le pire, à la mémoire très chère de Pierre Pfeffer.
Cela ne peut pas rester sans réaction de ta part ni des administratrices et administrateurs de FERUS, ni rectification.
Merci d’avance de me rappeler dès que possible.
J’autorise FERUS à transmettre tout ce mail à Y. P. si nécessaire.
Bien à toi,
Antoine »

Le même jour, Sandrine Andrieux me répondait aussitôt (mail de 16h35) :

« Salut Antoine
Bien eu ton mail. Dès que j’ai le président au téléphone, je l’informe et il verra des suites à tenir.
À l’annonce d’un dossier sur les 30 ans du retour du loup dans la gazette, Y. m’a proposé cet article qui a été validé par le comité de rédaction de la gazette. J’ai trouvé pour ma part effectivement qu’il y avait des ressemblances mais sans penser à plus. J’ai surtout trouvé que vous partagiez le même constat amer sur la gestion du loup aujourd’hui tout comme dans l’éditorial de Daniel Madeleine également.
Je te tiens au courant
Amicalement,… »

A quoi je répondais (mail de 18h08) :

« Merci, Sandrine, pour ta réponse.
Ce ne sont pas des “ressemblances”, c’est du plagiat et de l’affabulation délibérée.
(…)
Ce qui me choque le plus, c’est son [Y. P.] instrumentalisation de Pierre (et aussi de Roger) à travers de faux souvenirs qui mettent d’ailleurs en cause la rigueur scientifique et déontologique de Pierre (ce n’est pas pour rien que mon travail sur le retour du loup a duré des mois, en relation sérieuse avec Gilbert et le PN, comme nous pensions, Pierre et moi, que cela devait se faire, avec l’aide scientifique de Geneviève Carbone aussi, dont la déontologie a été exemplaire). Comment imaginer Pierre et Roger improviser une virée sur le terrain, dès novembre 1992, quelques jours après la double observation de Patrick Orméa et de Anne-Marie Issautier, dans le dos du parc et du DPN qui était un ami, avec un plumitif ? Je n’en reviens pas que Y. P. ose essayer de nous faire avaler une telle mauvaise blague.
Il n’a même pas fait l’effort de la cohérence de sa fable. Troisième incohérence (après les deux déjà relevées dans mon précédent message) : jour 1 au col de Salèse et jour 3 au vallon de Mollières alors que c’est le même secteur (!) et le seul où se trouvaient alors les deux loups dont les indices de présence étaient prétendument recherchés, en passant par le refuge de la Cougourde (jour 2) bien éloigné en réalité de ce secteur…
Excuse-moi, mais j’éprouve un profond dégoût pour cette désinformation motivée par la gloriole.
Ce coup-ci, je ne laisserai pas passer (j’ai toléré d’autres récupérations plus ou moins ridicules, y compris sous forme de livre, mais jamais aussi éhontées que celle-ci).
Bien à toi,
Antoine »

Ce à quoi Sandrine Andrieux répondait encore (mail de 19h37) :

« ok Antoine. comme dit je te tiens au courant dès que j’ai le président. 
vraiment désolée de tout ça…
Amicalement,… »

Et puis ?

Et puis, rien, à part la promesse de Sandrine Andrieux de partager le problème avec le bureau de l’association, à l’occasion de sa prochaine assemblée générale (5 et 6 novembre). En réalité, je comprenais déjà que Ferus s’enlisait dans son évitement de traiter sérieusement le problème.

Voici donc la chronique de cette fuite – sans courage – du devoir de rétablir la vérité, de la part de Sandrine Andrieux (qui m’a dit, à plusieurs reprise, qu’elle « n’est qu’une salariée » de Ferus, lors de nos échanges téléphoniques des 20, 25, 27 octobre, 16 et 18 novembre, message vocal du 8 décembre), et de Bertrand Sicard (échanges téléphoniques du 16 novembre, message vocal du 8 décembre), président de Ferus.

Le 14 novembre (mail de 11h29), je revenais vers Sandrine Andrieux, près de dix jours après l’assemblée générale de Ferus :

« Bonjour Sandrine,
J’espère que l’AG de Ferus s’est bien passée.
Merci d’avance de m’informer, dès que possible, sur les suites que l’association et La Gazette des grands prédateurs entendent donner au plagiat et à la désinformation d’Y. P., publiés dans le dernier numéro du magazine (https://www.ferus.fr/gazette/n85-octobre-2022).
Amitiés naturalistes,
Antoine »

Réponse de Sandrine Andrieux, trois jours après, le 17 novembre (mail de 17h10) :

« Bonjour Antoine
Je n’ai pas pu me rendre à l’assemblée générale de FERUS pour faire le point avec le président de FERUS et Martine Bigan notamment (Covid…)
On croule sous les divers dossiers à traiter, le tien en fait bien partie. Je te tiens au courant comme convenu
Amitiés… »

Entre-temps, le 16 novembre, lors d’un échange téléphonique (11h47, à mon initiative) avec Bertrand Sicard, président de Ferus, celui-ci s’inquiétait des éventuelles autres affabulations d’Y. P., m’affirmait qu’il discuterai avec lui (précisant tout de même : « c’est embarrassant, car Y. P. nous aide beaucoup… »), et faisant un commentaire sur l’impératif de vérité… Pour être tout à fait clair, je lui ai dit alors, comme constamment à Sandrine Andrieux, que je souhaitais une rectification de l’erreur commise en respectant au mieux les intérêts moraux de l’association et même d’Y. P., ce qui n’a visiblement pas eu le moindre effet.

Le 30 novembre (mail de 16h36), n’ayant toujours aucun retour sérieux de Ferus, j’écrivais à nouveau à Sandrine Andrieux :

« Bonjour Sandrine,
Je commence à m’étonner de n’avoir toujours pas de réponse constructive de FERUS à propos des fausses informations et du plagiat publiés par La Gazette des grands prédateurs (n° 85), sous la signature d’Y. P., fausses informations et plagiat sur lesquels je t’ai alertée déjà plusieurs fois depuis le 20 octobre dernier, sans parler de mon échange, à mon initiative, avec Bertrand Sicard, président de FERUS, le 16 novembre, sur le même sujet.
Merci d’avance de me dire, une bonne fois pour toute et d’ici au 9 décembre prochain, comment FERUS entend rectifier, au mieux de l’exigence de vérité et de sa crédibilité, l’erreur commise et dont je vais finir par considérer qu’elle porte sciemment préjudice à ma réputation professionnelle.
Bien à toi,
Antoine »

Réponse de Sandrine Andrieux, le 1er décembre (mail de 12h33) :

« Bonjour Antoine
étant salariée, j’ai transmis tout ce qu’il fallait au président qui m’a en effet dit que vous vous étiez eu au téléphone. C’est maintenant à lui de te signifier la suite, je ne sais pas ce qui va ou a été décidé. Il devrait t’appeler mais tu peux le rappeler de ton côté (je sais juste qu’il est difficilement joignable jusqu’à mercredi prochain, il est à l’étranger).
bien amicalement,… »

Ce à quoi je répondais une dernière fois (mail de 16h11) :

« Bonjour Sandrine,
Merci pour ta réponse.
J’attends la réponse de Bertrand Sicard, avant vendredi 9 décembre.
Bon courage !
Amicalement,
Antoine »

Comme c’était prévisible, la réponse de Ferus n’est jamais venue.

Le 8 décembre, je joignais Y. P. par téléphone, afin de recueillir son explication de son plagiat et de son affabulation. Très embarrassé dès les premières secondes de notre échange, Y. P. me confiait, dans une confusion certaine :

« Euh, écoute, Antoine, j’avais corrigé [mon article] pour mélanger avec la balade qu’on avait faite avec Roger [Settimo] et toi, mais, je ne sais pas pourquoi, ton nom a disparu. Voilà. En fait, j’avais fait ça pour mettre à la fois la révélation, parce que pour moi ça se confond un peu question dates et effectivement, ils [Ferus] ont…, je ne sais pas où est passé ton nom, parce que tu te rappelles, c’était la balade à quatre [Pierre Pfeffer, Roger Settimo, Y. P . et moi-même]qu’on avait faite [en mai 1992]… C’est à la fois ma mémoire qui a un peu mélangé deux évènements, et puis j’ai voulu décrire cette balade à quatre qu’on avait faite, et je ne sais pas pourquoi ton nom est parti, et j’ai voulu corriger après, et ils [Ferus] ne l’ont pas réintégré. Bon, écoute, je suis absolument désolé, parce que ça sème un peu la zizanie [la confusion] entre novembre et le printemps [1992]. Pour moi, dans ma tête, c’était lié, les deux [reportage de mai et révélation de novembre 1992], tellement lié que je pensais que c’était un seul évènement… »

Miséricorde.

Aussitôt après cet échange avec Y. P., je laissais deux messages vocaux identiques à Sandrine Andrieux et Bertrand Sicard, tous deux ne répondant pas à mes appels, pour leur faire part des explications de mon interlocuteur, mais aussi pour leur exprimer ma surprise et même ma colère de n’avoir eu « aucun geste constructif » de Ferus, par « manque de courage », ou par « manque d’honnêteté ».

Ces deux derniers messages n’ont, bien sûr, jamais eu de réponse.

Et, fin décembre 2022, le n° 86 de La Gazette des grands prédateurs est paru sans comporter le moindre erratum…

Il ne me restait donc plus qu’à procéder par moi-même à la rectification nécessaire.

Antoine Peillon

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